L'intrus by Faulkner William

L'intrus by Faulkner William

Auteur:Faulkner, William [Faulkner, William]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782070364206
Éditeur: Gallimard
Publié: 2012-11-13T23:00:00+00:00


CHAPITRE VII

Ils ne revirent la voiture du shérif qu’une fois arrivés à l’église. Quant à lui, ce n’était pas parce qu’il dormait, bien que, malgré le café, il eût pu s’y attendre et, de fait, s’y était attendu. Jusqu’au moment où, au volant de la camionnette, il avait été assez près pour apercevoir la Place, puis la foule des gens alignés en face de la prison de l’autre côté de la rue, il avait prévu que, dès que son oncle et lui seraient sur la route pour retourner à l’église, café ou pas café, il ne lutterait même pas une fois de plus contre le sommeil, mais au contraire renoncerait, s’y abandonnerait, et ainsi, pendant les neuf miles de route empierrée et le dernier mile de chemin escarpé, il regagnerait du moins une demi-heure sur les huit qu’il avait perdues la nuit dernière et, – il en avait maintenant l’impression, – les trois ou quatre fois autant qu’il avait passées la nuit d’avant à s’efforcer de ne plus penser à Lucas Beauchamp.

Et lorsqu’ils rentrèrent en ville un peu avant trois heures ce matin-là, personne n’aurait pu le persuader qu’à neuf heures à peu près, il n’aurait pas rattrapé au moins cinq heures et demie de sommeil, sinon les six tout entières, se souvenant que lui, – et sans doute Miss Habersham et Aleck Sander par-dessus le marché, – avaient cru que, dès qu’ils seraient entrés avec son oncle chez le shérif, tout serait fini : ils allaient entrer par la porte de devant et placer dans la large main, compétente, officielle, du shérif, comme on dépose, au passage, son chapeau sur la table du vestibule, tout le cauchemar nocturne de doute, d’indécision, d’insomnie, d’obsession, de fatigue, d’horreur, de stupéfaction, et (il en convenait) d’un peu de peur également. Mais cela ne s’était pas passé comme ça, et il s’apercevait à présent qu’il n’y avait, en réalité, jamais compté : cette idée ne leur était entrée dans la tête que parce qu’ils étaient à bout de forces, non pas tant exténués par le manque de sommeil, la fatigue et la tension d’esprit, qu’épuisés par l’horreur, la stupeur, la détente : il n’avait même pas eu besoin de cet amas de visages en train d’observer la façade de briques, la façade aveugle de la prison, ni de ceux qui avaient traversé la rue et l’avaient même obstruée en se pressant autour de la voiture du shérif pour essayer de voir à l’intérieur, puis s’en désintéresser, avec cet unique coup d’œil réciproque et concordant, éhonté, méfiant, ostensible, comme un parent énergique hésite un instant à contrôler et à prévenir les intentions d’un enfant qu’il aime, mais en qui il n’a qu’une médiocre confiance. S’il avait besoin de quelque chose, c’était de cela sans aucun doute – les visages, les voix, pas même malveillantes, pas même sarcastiques, simplement naïves, facétieuses, sans pitié – placé au-dessous du premier symptôme de fléchissement comme une épingle dans un matelas, de sorte qu’il était aussi complètement éveillé que



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